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février 27, 2021 6 lire la lecture
La mythologie nordique regorge de fables et de fantaisies, majoritairement intriquées les unes avec les autres. Tantôt moralisatrices, tantôt héroïques, le lien qui les unit est leur côté fantastique et hors du commun. L’histoire du dragon Fafnir en est le parfait exemple.
Son caractère invraisemblable ne la rend que plus intéressante ! D’où vient le dragon Fafnir ? Quelle histoire se cache derrière cette étrange créature ? On vous dit tout dans cet article.
Bien qu’il soit le plus souvent dépeint comme dragon, Fafnir n’a pas toujours existé sous cette forme. Son histoire riche en morale relate sa transformation et en décrit les circonstances. Découvrons ensemble d’où vient cette légende, et analysons la série d’événements qui a mené à cette curieuse métamorphose.
L’histoire du dragon Fafnir est bien connue du peuple scandinave. Relatée de bouche à oreille sur des générations, on la retrouve sur la grande majorité des ressources historiques de référence. La première fois qu’on a écho de ce mythe, c’est dans les poèmes du cycle de Sigurd.
Une multitude d’ouvrages sont consacrés à ce héros viking espiègle, suivant son évolution et reprenant ses merveilleuses aventures au fil du temps. Sur l’Edda Poétique, il figure un poème entièrement consacré à Fafnir : le Reginsmál.
C’est la première référence qu’on retrouve sur ce récit. Ici, le père adoptif de Sigurd lui conte la malédiction de Fafnir et le malheur qui s’est abattu sur lui à cause du trésor de son père.
Il figure également sur deux autres sources historiques : la Volsunga saga et l’incontournable Edda de Snorri, où la partie Skáldskaparmál y est entièrement consacrée.
Initialement, Fafnir n’était qu’un nain ordinaire vivant aux côtés de ses deux frères Òtr et Regin, ainsi que son père Hreidmar. On raconte que c’était un être au cœur bon et au bras d’une force surhumaine, ce pour quoi il était nommé protecteur de leur maison. Regin, quant à lui, était le forgeron qui l’avait bâti en or et en pierres précieuses, pendant que Òtr était un talentueux chasseur qui les approvisionnait en vivres.
Un beau jour, trois dieux vikings se promenaient sans se douter de rien aux alentours de leur domicile. Il n’est autre question que d’Odin, Loki et Hœnir, trois figures emblématiques du Panthéon des divinités nordique.
Près d’une cascade, Loki, dieu de la malice, chasse une loutre. Se réfugiant chez la famille de nains, l’effroi s’abat vite sur l’assemblée quand ils découvrent qu’il s’agit en réalité du corps inanimé de Otr. Ayant pris l’habitude de chasser les poissons, déguisé en loutres, il succombe de sa passion de manière tragique.
Furieux d’apprendre la mort de son fils, Hreidmar ligote les trois dieux vikings, et leur demande une rançon pour les libérer. Il désigne Loki, le fautif, pour lui ramener une quantité d’Or sans quoi il garderait Odin et Hoenir en otages.
Le dieu de la malice s’empare de la fortune d’un autre nain, nommé Andvari. Parmi les objets précieux volés, un anneau auquel le nain était fortement attaché, mais que le dieu fourbe refusait de rendre. Dépouillé de sa fortune, Andvari jette un sort sur le trésor perdu. Il y abat une malédiction qui fait que toute personne chez qui il serait en sa possession trouverait la mort.
Averti du destin qui l’attendait, Hreidmar accepte tout de même et relâche les dieux. La malédiction touchera bel et bien Fafnir et sa famille, et les répercussions de ce choix se feront sentir comme un effet domino.
Une fois en possession de l’or, Hreidmar, père de famille des nains, refuse de le partager avec ses fils. Outrés de son comportement, ils s’arrangent pour le tuer, faisant de lui la première victime de la malédiction.
Mais l’histoire se poursuit, quand Fafnir, aveuglé par les richesses qu’il venait d’acquérir, s’objecte quand son frère, Regin, réclame sa part. Il menace de le tuer, et l’expédie loin de chez eux.
C’est ici que le destin des deux frères bifurque :
Au palais royal, Regin a pour tâche de s’occuper de Sigurd, le héros vikig légendaire. C’est donc lui le père adoptif qu’on retrouve au début de l’histoire. Des années durant, il ne cesse de lui répéter la légende de Fafnir, et l’incite à restituer l’or dont il s’est emparé.
Une fois d’âge mûr, il s’engage à faire périr Fafnir, et à accomplir la mission que son père lui aura confiée. À cette occasion, le forgeron lui fait une épée spéciale qui l’aidera à réaliser cette quête, l’épée Gram. Arrivé à l’entrée de la grotte, il creuse plusieurs fosses dans le sol :
Ainsi, il triomphe, et met fin aux jours de Fafnir. C’est ainsi qu’il gagne le surnom de Sigurd Fafnisbani.
Avant de succomber à ses blessures, le dragon lui apprend la terrible malédiction qui a mis fin à ses jours, et le met en garde de l’or et de l’anneau qui étaient désormais en sa possession. L’ensemble de ces faits est détaillé dans la Völsunga saga, ainsi que sur l’un des poèmes de l’Edda de Snorri, Fafismal.
De retour chez son père adoptif, il demande à Sigurd de lui préparer le cœur du monstre pour qu’il le dévore. En goûtant quelques gouttelettes de son sang, ce dernier gagne des pouvoirs extraordinaires. Il arrive, entre autres, à déchiffrer le langage des oiseaux. Ainsi, ils le mettent en garde contre Regin, qui lui voulait la mort pour garder le trésor à lui seul.
Pris de rage, il tue le frère de Fafnir, et mange à lui seul le cœur du dragon. Il s’empare du trésor du nain Andvari, et pense enfin être en position de force. Hélas, le héros viking n’est pas épargné par la malédiction du trésor de Fafnir.
Il change de possesseur lorsque Högni et Gunnar, deux guerriers, tuent Sigurd. Il y a mention de cette histoire dans les derniers poèmes du Cycle de Sigurd. Toutefois, le mauvais charme ne prend pas fin ici, et il est dit que l’effet de la malédiction persiste jusqu’à la nuit des temps.
La légende et l’histoire de Fafnir n’ont jamais été un simple conte nordique. En vérité, il s’agit d’un avertissement pour les Vikings, les mettant en garde contre le pouvoir destructeur de l’avidité.
Ce mythe sert de morale, et reste un parfait exemple des enseignements contenus dans le folklore viking. Il apprend à des générations de petits Scandinaves les dangers de se laisser envahir par ce sentiment incontrôlable. C’est un ultime rappel du pouvoir chaotique de l’avidité, qui peut pourrir plusieurs générations de père en fils et se propager telle la peste.
La légende de Fafnir sert aussi de piqûre de rappel aux rois et aux nobles vikings. Connus pour être des conquérants et des pilleurs de trésors, les richesses amassées ne devaient pas être seulement récoltées. Au contraire, elle devait, avant tout, servir la prospérité de la communauté nordique et celle de la civilisation viking.
Si l’histoire et la légende de Fafnir paraissent si familières, ce n’est pas sans raison. En réalité, elle représente l’inspiration même d’une des plus grandes œuvres littéraires. Oui, vous l’avez deviné, il s’agit du chef-d’œuvre le Seigneur des anneaux, écrit J. R. R. Tolkien.
Les grands fans de cette saga, que ce soit l’interprétation littéraire ou cinématographique, connaissent déjà ce fait surprenant. Mais pour les moins aguerris d’entre vous, on vous révèle les surprenantes similitudes cachées :
Vous l’avez compris, l’une des plus grandes épopées et œuvres littéraires de notre ère tire directement son inspiration de la mythologie viking. Plus fascinant encore, c’est la légende Fafnir qui a inspiré les principaux événements de cette histoire !
Symbole d’avarice et de cruauté, Fafnir aura terrorisé de nombreux protagonistes dans différentes œuvres littéraires et cinématographiques. En plus des seigneurs des anneaux, il se trouve que Fafnir est un symbole très utilisé dans la culture populaire.
On le trouve par exemple comme étant le protagoniste principal dans la pièce d’opéra « Der Ring des Nibelungen » de Melvin Burgess, dans les comics Marvel, ou même dans la bande dessinée des Schtroumpfs.
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