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septembre 18, 2024 5 lire la lecture
Les anciens Scandinaves et Germaniques appelaient les prêtresses et prophétesses "völva" (ou "vala" et "wala" en vieux haut allemand). Les termes "seiðkona" et "spákona" en vieux norrois, ainsi que "spaewife" ou "wicce" (le terme ancien pour sorcière) en vieil anglais désignent les femmes pratiquant au moins une des magies nordiques. Ces femmes sont des personnages récurrents de la mythologie germanique.
Le mot "völva" proviendrait de vǫlr, signifiant quenouille. Ce mot est à comparer avec le proto-germanique *walwōn, qui donnera "wand" en anglais (bâton). La völva (au pluriel völur) serait donc, comme les Nornes, une porteuse de quenouille.
Les völur pratiquaient des disciplines ésotériques traditionnelles comme le seiðr (l'enchantement), le spá (la prophétie) et le galdr (magie runique, chamanisme). On les appelait alors fjölkunnig, celles dont la connaissance (kunne) est entière ou complète (fjol).
Pour celles qui ne pratiquaient que le spá, on parle de spákona ou spækona, termes en vieux norrois désignant une femme pratiquant la prophétie. En vieil anglais, on les appelle également spæwīfe. Ce mot dériverait du proto-germanique *spah- et d'une racine indo-européenne *(s)peḱ (regarder, observer, voir) et est donc lié au latin specio ("je vois") et au sanskrit spáçati et páçyati ("il/elle voit"). Les hommes qui pratiquaient cette discipline étaient quant à eux appelés spámaðr.
De même, pour le seiðr, on parle de seiðkona (femme) ou seiðmaðr (homme). Selon la mythologie et les récits historiques, les völur étaient supposées posséder des pouvoirs tels qu'Odin lui-même, le père des dieux, sollicitait leurs services pour connaître l'avenir des dieux. C'est notamment ce qui est rapporté dans la Völuspá, dont le titre même, "völv-s-spá", se traduit par "chant de la prophétesse".
Le distaff est appelé seiðstafr, "bâton de seiðr". Il s'agit de l'un des attributs de Freya et un outil des völvas.
Dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, Jules César écrit à propos de la bataille contre le chef germain Arioviste (58 av. J.-C.) :
"Lorsque César demanda aux prisonniers pourquoi Arioviste n’avait pas livré bataille, il apprit que la raison était la suivante : il était coutume chez les Germains que les mères de famille décident, après avoir consulté les signes et rendu les oracles, s’il fallait ou non engager le combat ; or, elles disaient que le destin ne permettrait pas aux Germains de gagner, s’ils s’engageaient avant la nouvelle lune."
Les écrits de Tacite (1er siècle ap. J.-C.) fournissent également des mentions de ces prophétesses germaniques. Il décrit ces "prêtresses" comme étant des vieilles femmes vêtues de blanc, immolant des prisonniers de guerre et consacrant le sang versé (la cérémonie du Blót), un fluide indispensable pour la divination.
L’historien Jordanes mentionne dans sa Genèse (XXIV:121) des völvas gothiques appelées Aliorumnas. Ces völvas trouvèrent refuge chez les Huns après avoir été exilées par l’ordre du roi Filimer.
Le chroniqueur Paul Diacre décrit également comment, au VIIe siècle, les Vandales ont cherché l’aide d’Odin pour obtenir la victoire. La mère des chefs lombards, Gambara, sollicita l’aide de Freya, qui grâce à ses bonnes relations avec sa völva, trompa Odin, assurant ainsi la victoire de son peuple.
Un récit détaillé d'un sacrifice humain par une völva est donné par le diplomate arabe Ahmad ibn Fadlan lors de l’un de ses voyages auprès des Bulgares de la Volga en 921. Durant les funérailles d’un chef varègue, une esclave se sacrifia pour être enterrée avec son maître.
Dans le Landnámabók, une völva nommée Þuríðr Sundafyllir est mentionnée comme ayant rempli un fjord de poissons pour contrer une famine. Cela est considéré comme un fait historique dans le Landnámabók.
Dans la société scandinave ancienne, la völva était une femme âgée qui s’était émancipée des liens familiaux lourds. Elle parcourait le pays, suivie d’un groupe de jeunes hommes, et ses services étaient sollicités dans les situations graves. Son autorité était absolue et elle était bien rémunérée pour ses services.
Parmi les völvas les plus célèbres de la littérature scandinave, on trouve Heidi du Völuspá et la sorcière Gróa (Croissance) du lai de Svipdag (Svipdagsmál). Dans le Hyndluljóð, la déesse Freya rencontre la völva Hyndla et elles se rendent ensemble à Valhalla.
Néanmoins, d'autres sagas mentionnent des völvas, comme Þórbjörgr dans la Saga d'Erik le Rouge et Huld dans la saga des Ynglingar. Dans le Baldrs draumar, une völva est consultée pour expliquer le rêve de Baldr. Les rituels de galdr et de spá prendront fin le jour du Ragnarök.
Dans Grógaldr ("L’Incantation de Gróa"), les conditions de l’initiation en tant que völva sont évoquées. Svípdagr est envoyé par sa belle-mère Skaði pour trouver l’accès à la chambre de Menglöd (une autre désignation pour Freya). Svípdagr demande alors l’aide de sa mère défunte, Gróa, une völva, en incantant neuf formules de protection. Les incantations concernent divers aspects de la vie et de la nature.
Dans la Saga d'Erik le Rouge, on décrit comment la völva Þórbjörgr, ou Þorbjörg Lítilvölva, pratique le rituel de seiðr. Avant son arrivée, la maison est nettoyée de fond en comble. Elle est accueillie avec respect et conduite au siège d'honneur. La völva reçoit un repas spécial, constitué de porridge, de lait de chèvre et de ragoût préparé avec le cœur des différents animaux de la maison.
Après sa première nuit passée dans la maison, le jour suivant est dédié à la danse du seiðr, nécessitant un certain outillage spécifique. Une plateforme spéciale est construite pour elle, où un groupe de jeunes femmes chante un chant spécial pour invoquer les pouvoirs avec lesquels la völva souhaite communiquer.
Un texte de loi islandais du XIIIe siècle mentionne que le seiðr ("útiseta") pour réveiller les trolls et pratiquer les rituels païens était passible de la peine de mort. En 1854 encore, il était question d'une forme spécifique de sorcellerie où le magicien passait la nuit dehors pour prédire l'avenir.
Dans la Saga d'Erik le Rouge, la völva apparaît vêtue d'un manteau bleu ou noir orné de bijoux, tombant jusqu’à ses pieds. Elle tient en main le seiðstafr, fait de cuivre et décoré de pierres précieuses. En plus, on mentionne un collier de perles de verre, un couvre-chef en peau de mouton noir et peau de chat blanc, ainsi que des chaussures en cuir de vachette et des gants en peau de chat blanc.
Le seiðstafr est une quenouille symbolique ou réelle, en cuivre ou en bois. Ce bâton est le symbole du pouvoir magique de la völva. Celui qui est frappé trois fois avec ce bâton sur la joue en perd la mémoire. Les liens invisibles pouvaient être tissés entre la quenouille du métier et un être humain (un guerrier par exemple). L'art de "délier" ou "lier" des nœuds pouvait influencer divers aspects de la vie, y compris les guerres.
Le seiðstafr se réfère également aux Nornes, les fileuses du destin dans la mythologie nordique. En Angleterre, jusqu'au XIXe siècle, la "côté quenouille" était utilisée pour désigner la lignée maternelle.
La déesse associée à la magie est surtout Freya. Elle enseigne la seiðr aux Æsir et est reconnue pour sa sagesse et son pouvoir magique.
Dans le prologue de l'Edda en prose, une völva explique que Sif, l'épouse de Thor, était également une spákona.
Freya a enseigné le seiðr à Odin, bien qu’il soit un dieu guerrier. Odin, par sa découverte des runes selon le Rúnatal, est également un maître de la magie.
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